Kalakoski, Bidonville, le 13 février 1995.

Une femme hurle. Elle hurle de douleur. Elle crie un nom : Shin. Cette femme est à présent mère. Elle vient d’accoucher d’un magnifique petit garçon. Elle le prend dans ses bras et lui sourit. Elle lui caresse le visage. Une simple caresse avant de s’évanouir. La sœur de celle-ci attrape le nouveau né et le lave avec le peu d’eau qu’ils possèdent. Tout se qu’ils leur restent va au nouveau venu. Après tout, il en a bien plus besoin qu’elles. La sœur de la mère, Corlya, chante un berceuse au garçon et le pose ensuite sur une couchette anticipé pour l’occasion. Sarym, la mère de Shin, avait perdu les os tellement rapidement que personne ne s’était rendu  compte de rien. C’était seulement à ses cris de contractions que quelqu’un avait réagit. Corlya dormit pendant plusieurs heures. Elle avait aidé sa sœur et elle n’en pouvait plus. Elle était lessivée. Une bonne sieste ne lui aurait pas fait de mal.

Sarym se réveilla alors. Elle demanda son enfant. Elle l’eu alors et caressa de nouveau sa joue.

_ Mon enfant… [Elle sourit] Shin ! Tu t’appelleras Shin, comme ton père.



_ Geenre ! Tu t’es cru où !? En ville ou quoi ?

Shin regarda son ami qui venait de dire cela. Il lui lança un regard des plus noirs. Comment pouvait-il lui parler comme ça alors qu’ils étaient presque frère. Shin soupira.  Il n’en pouvait plus de cette vie. Voilà maintenant 12 ans qu’il vivait ici et que tout les jours étaient les mêmes. Il se levait, regardait par la fenêtre pour voir le temps et partait à la décharge pour trouver quelque chose à revendre. Il ne trouvait, en général, pas grand-chose, mais cela suffisait à le faire vivre, lui et sa mère. Il était encore là. Malheureusement, dans ce grand bidonville accueillant une vingtaine voire une trentaine de famille. Ils se connaissaient tous, heureusement, mais les relations n’étaient pas toujours très bonne. Il se souvenait s’être battu avec un gamin plus petit que lui car il lui avait volé du fer. Oui, car la chasse au fer était lancée dans cet endroit. Le fer étant le métal le plus cher, il valait son pesant d’or. Il aurait peut-être eu de quoi manger sainement pour le soir. Ou bien même acheter un autre habit à sa mère que les haillons qu’elle portait par obligation. Ils en avaient tous d’ailleurs des obligations. Ils étaient obligés de quasiment s’entre-tuer pour vivre, ils étaient obligés de dormir d’un seul œil de peur de se faire voler, ils étaient obliger de vivre dans la saleté et le manque d’hygiène. Shin n’en pouvait vraiment plus. Que se passait-il dans la tête des hommes ? Pourquoi étaient-ils autant inégaux ?

Il reçu une pierre dans le visage. Il cria un « aie » et chercha rapidement du regard celui qui avait bien pu faire une chose pareil. Il finit par trouver. Un garçon qui lui avait cherché des noises alors qu’il cherchait tranquillement de quoi se remplir la panse. Il l’avait insulté pour avoir le peu de terrain sur lequel il avait posé ses limites pour chercher calmement. Il arrivait même à Shin d’être dérangé alors qu’il était en haut d’un arbre et que les autres voulaient absolument la même chose. Ils n’avaient pas la carrure et cela Shin l’avait comprit dès ses premières bastons.
Il reprit ses esprits et se mit à courir après lui. Il finit par lui tomber dessus et le rua de coup.

_ Tu m’as fais mal bat**d !

Shin continuait à taper. Puis, dès qu’il vit une goutte de sang s’échapper du nez de l’agresser, il se stoppa net et se releva. Il regarda ses mains et vit quelque trace de sang. Il se mit alors à pleurer. Pleurer toutes les larmes de son corps. Il couru vers le petit abri de fortune qui lui servait de maison. Il sauta au cou de sa mère et lui montra ses mains en pleurant. Sarym se contenta d’essuyer ses mains. Elle fit alors une promesse à son fils.

_ Plus jamais cela n’arrivera. Nous allons partir mon fils.

Le sang qu’il avait sur les mains ne se répandrait pas. Il ne deviendrait pas un tueur. Pour Sarym rester ici était bien trop dangereux. Ces bidonvilles ne leur laisseraient aucune pitié. Un sourire immense se dessina sur les lèvres de l’enfant. Il allait enfin partir ! Mais soudain, il le perdit. Et son « frère ». Qu’allait-il devenir ? La nuit portait conseil et le porte toujours, si bien qu’il partit dans son espace clôt qu’il appelait chambre et s’endormit comme une souche.


Shin et sa mère venait d’arriver en France. Ils ne comprenaient pas un mot. Personne ne chercha à les aider si bien qu’ils finirent aux mêmes endroits : le bidonville. Comme si ce lieu les attirait et ne voulait jamais les lâcher. Les jours passèrent. Les semaines, les mois, sans qu’ils comprennent quoi que se soit. Ils eurent vraiment de mal pour faire les courses quand ils avaient de l’argent. Le pauvre Shin était résolu à pratiquer le même rituel qu’importe l’endroit. Il avait à présent 13 ans. Finalement, il alla à l’école. Une école gratuite. Cela plut beaucoup à Sarym et le jeune enfant apprit donc cette langue au combien difficile. Tous les soirs, Shin donnait ses cours à sa mère, et ensemble, ils tentaient d’en apprendre d’avantage sur ce pays. Ils voulaient comprendre ce que tous ses hommes à leur arriver leur avaient dit. Ils comprirent alors. 1 année suffit. Ils comprirent dans le même temps, qu’ils n’étaient pas les bienvenues ici et partir alors de nouveau en quête d’un véritable foyer. Ces mots n’étaient pas le bienvenue de la France, mais plutôt une expulsion.  


Leur voyage les avaient conduit jusque dans la vallée de Frampton, une petite ville en Angleterre qui possédait sûrement plus de vaches que d’habitants. Ils trouvèrent un logement abandonné et se construire leur propre univers. Ils avaient enfin un chez soit ! Ils étaient à présent heureux et ne voulaient que rien ni personne ne viennent gâcher leur joie de vivre et ce bonheur qui régnait maintenant de plus en plus dans leurs vie. Cependant. Un homme vint tout de même gâcher ce train de vie qu’ils avaient finalement adopté. Shin avait reproduit la manœuvre de l’école et ils avaient apprit l’anglais. Et le sport. Un sport en particulier. Un sport qui lui avait permis de décrocher une bourse dans une des plus prestigieuses écoles du monde. Le rugby l’avait, en effet, beaucoup aidé. A Frampton, il devint le meilleur 2° ligne et ses professeurs comprirent pourquoi il cherchait tant à avoir, peut-être, une carrière dans ce sport pourtant si dur et violent. Mais pour Shin, c’était une passion. Il ne vivait plus que de ça. Il vivait rugby, respirait rugby et dormait rugby.  C’était sûrement à cause de cela qu’ils avaient été repérer par la police Anglaise. Ils furent donc juger de clandestinité et bannit du royaume d’Angleterre… Pourtant, leur chemin dans ce vaste pays ne s’arrêta pas. Ils continuèrent de marcher et de tenter de trouver quelque chose  de bien. Promesse bien difficile vu leur criminalité. Peut-être seraient-ils mieux loin ? Très loin d’ici ? Peut-être dans cette école où il avait eu cette bourse. Leur voyage continua donc encore…



Shin. Il a grandit depuis la Finlande. Il regarde un prospectus. Il se trouve dans la rue. Une rue noire de monde. Personne ne pourrait s’y retrouver la dedans. Pourtant, Shin sait. Il sait qu’il va bientôt quitter cette foule. Cette foule qui l’oppresse. Cette foule qui le rend malade. Il avance lentement entre les passants et traverse la ville. Il observe le bâtiment devant lui : Kagaribi. Une nouvelle langue qu’il ne connaissait pas ? Cool ! Il allait encore étudier. Et cette fois ci, il ne serait pas banni du pays. Sa mère, Sarym, était morte pendant l’hiver précédent. Elle n’avait pas tenu une année de plus. Il se souvenait juste qu’avant de mourir, celle-ci lui avait soufflé :

_ Etudie mon fils, fait de grande chose.

Et dans un dernier souffle, elle avait disparu. Il avait donc été seul pour son plus grand malheur. Pourtant, il s’était toujours débrouiller seul et il ferait alors de même, même si la mort de sa mère le laissait dans un sale état. Elle avait été tout pour elle. Jamais il n’aurait pensé qu’elle n’aurait pas tenu. En un sens, on aurait pu dire que c’était logique vu la froideur des hivers. Mais celui de cette année là avait été encore plus froid que les précédents. Il revint à la réalité. Il allait peut-être reprendre le rugby…
Il inspire. Poussant le grillage, il ne comptait pas revenir en arrière. Ses origines et son passé ne rentreraient pas. Il laissait de côté, absolument tout. Il ne voulait pas refaire d’erreur.