Il y a de ça des milliers d’années, un simple démon s’accoupla avec une humaine dans l’unique but de perpétuer la lignée démone si elle venait à disparaître un jour. Ce fût un échec cuisant, la progéniture étant faible, et presque sans pouvoirs. L’idée fût vite abandonnée, le démon disparût, mais l’enfant survécut malgré tout. Des générations plus tard, nous retrouvons Arthur John Lewis, son nouveau-né dans les bras, aux côtés de sa femme. Un homme plutôt normal, avec une vie des plus banales. Simple salarié dans un bureau de poste, on ne peut pas dire que ce soit quelqu’un aux grandes ambitions. Et pourtant, le petit Sirius est une de ses plus belles réussites.
Toutefois, à cause du sang qu’il avait dans les veines, la vie de Sirius deviendra un véritable un cauchemar.  

Sirius, à quatre ans, était un enfant jovial, hyperactif mais d’une gentillesse légendaire. Il avait beaucoup d’amis, et appréciait faire des châteaux de sable avec ses copains. Il n’aimait pas beaucoup les filles et s’amusait à leur tirer les couettes où à soulever leur jupe pour les embêter. Elles étaient toujours en train de parler et de se plaindre, de vraies chieuses. Néanmoins, il n’appréciait pas qu’on les tape. Un grand sens de la justice, ce petit.
« Non mais une fille, quand on les tape, ça pleure et ça fait du bruit ! ‘Faut pas les taper comme ça elles crient pas ! »
Oui… Enfin bref, il était jeune après tout. Pour revenir au sujet, on peut dire que Sirius avait vécu jusque là une enfance paisible. Ses parents étaient d’honnêtes personnes qui pouvaient se permettre de lui garantir une vie relativement saine. Il évoluait dans un cadre agréable et vivait dans un appartement tout simple. En bref, un futur qui s’annonçait bien. Si seulement.

Lorsqu’il eut cinq ans, son père mourut d’une crise cardiaque. Trente-deux ans. Personne n’en comprit les raisons. Les recherches ne fournirent aucunes explications. Mais son père était mort. Sirius était bien trop petit pour comprendre les raisons de ce départ prématuré.
« Pauvre Arthur… Son propre père n’a pas dépassé les trente-cinq ans. Les Lewis n’ont vraiment pas de chance. »
Une malédiction, où du moins, un effet secondaire que ce démon avait laissé il y a de ça des générations. Ils ne vivaient jamais plus de trente-cinq ans. Dans tous les cas, la vie de Sirius bascula complètement à partir de cet instant. Ils durent déménager car les revenus de sa mère ne leur permettaient plus de vivre confortablement. Un appartement miteux, trois pièces où ils entendaient tout à travers les cloisons des murs. Sa mère faisait de son mieux, et il comprenait malgré son jeune âge qu’il devait parfois manger la même chose pendant plusieurs jours de suite. Il ne se plaignait pas, même s’il restait le même. Mais les choses avaient changé, et sa mère ne supportait plus cet enfant au comportement si survolté.
« Il est temps que tu grandisses Sirius ! » Elle aurait préféré ne jamais prononcer cette phrase.

Alors qu’il avait six-ans et demi, Sirius se blessa. Pas gravement, non. Juste une petite coupure. Qui changea complètement sa vie ; ce sang, il pouvait le contrôler. Lui donner forme. Il ne comprenait pas, ce n’était pas normal. Malheureusement pour lui, cette découverte le fît atterrir à l’hôpital. Les médecins ne comprenaient pas comment ce jeune enfant pouvait souffrir d’une anémie sévère alors qu’il n’avait qu’une petite coupure à la main. Sa mère n’osa jamais parler de la quantité de sang qu’elle avait retrouvé dans le salon. Ce n’était pas normal. Et elle ne voulait pas paraître folle. À partir de cet instant, sa mère guetta tous les gestes étranges de son fils. Elle le regardait grandir avec peur, avec inquiétude. Elle n’entendait plus les voisins qui se disputaient, la police qui venait les séparer, le tumulte et les ragots de dehors. Il n’y avait que son fils. Son amour. La seule chose qui lui restait. Alors elle se torturait l'esprit, elle se rendait malade pour lui, alors que Sirius continuait de grandir le plus normalement possible, peu soucieux de ce qui l'entourait.

Elle ne fût témoin du même phénomène que trois ans plus tard, alors qu’il avait neuf ans. Elle lui interdit, en hurlant, de l’utiliser de nouveau. Ce pouvoir glauque dont il était doté. Elle ne pouvait pas le lui expliquer, car elle ne savait rien de tout ça. Mais il fallait qu’il arrête. C’était très dangereux et elle ne voulait pas qu’il meure. Elle l'aimait tellement... Mais en voulant le protéger, elle ne lui incitait que de la peur, que de la haine. Sirius changea. Pas de la meilleure façon qui soit. Un gamin joyeux, oisif mais... Glauque. Il ne comprenait pas son corps, comment il agissait et ce qu’il se passait à l’intérieur de lui. La moindre coupure incontrôlée lui était fatale et l’envoyait à l’hosto et on avait même suspecté sa mère de le battre. Il ne voulait pas créer de problèmes et pourtant… Ce désordre intérieur provoqua en lui une haine morbide. L’envie de se défouler. Alors, Sirius, à quatorze ans, commença à très mal tourner. Dès qu’il le pouvait, il tapait sur la gueule à quelqu’un en souriant. Il buvait, et il fumait. Des raisons ? Il ne lui en fallait pas beaucoup. Fille ou garçon, il s’en fichait. Il fallait juste qu’il tabasse quelqu’un. Ainsi, il apprenait à contrôler "sa malédiction". Si on peut dire ça. Au final, il ne faisait qu'extérioriser ce besoin de faire du mal.

La santé de sa mère se dégradait. Par sa faute ? Sans nul doute. Il demanda à partir, pour ne pas lui créer plus de problèmes. Il était bien assez âgé maintenant pour voler de ses propres ailes… Elle abdiqua. La mère de Sirius l’aimait, comme on aime son enfant. Mais elle n’en pouvait plus. Elle n’en pouvait plus de ce fils anormal. Elle n’en pouvait plus de ces coups de fil, annonçant qu’il était soit au poste de police, soit à l’hôpital. Elle ne savait pas où elle avait échoué dans son éducation, et ça la tuait intérieurement. Pourtant, ce n’était pas de sa faute. Après tout, Sirius avait du sang démoniaque dans ces gènes, qui avait activé une quelconque capacité chez lui en plus de cette envie de faire du mal à autrui. Ce n’était pas de sa faute. Mais comment accuser des faits qui s’étaient produits il y a de ça des millénaires ?

Sirius partit donc dans ce pensionnat, après l’avoir soigneusement choisi avec sa mère. Moment de complicité qui n’était pas apparu depuis bien des lustres... Pensionnat Kagaribi. Ça lui semblait pas mal. Et quelques mois plus tard, il était encore là-bas. Ça ne faisait pas longtemps, mais il se sentait… Bien. Autant qu’un être à l’intérieur détruit puisse l’être. Mais de toute façon, vous ne pouvez pas vous promener à l’intérieur de lui, donc considérez que « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. »